La prière d’un soldat

 

 

 

Ces vers ont été découverts par un brancardier sur un soldat étranger qui les avait griffonnés au dos d’un paquet de cigarettes peu de temps avant de trouver la mort sur un champ de bataille de la première guerre mondiale.

 

Tu le sais, je ne t’ai jamais adressé la parole,

Mais à présent je veux te dire : « Comment ça va ? »

C’est qu’on m’a dit, vois-tu, que tu n’existais pas,

Et dire que j’y ai cru, comme un pauvre mariolle !

 

Hier soir, j’ai vu ton ciel du fond d’un trou d’obus.

J’ai compris qu’ils m’avaient raconté des sornettes.

Si j’avais regardé les belles choses que t’as faites,

Je m’ serais rendu compte qu’ils avaient l’esprit tordu.

 

Est-ce que tu voudras bien, Dieu, me serrer la main ?

Quelque chose me dit de ne pas m’en faire.

Curieux qu’il m’ait fallu venir dans cet enfer

Pour pouvoir découvrir ton visage serein.

 

À tout cela, y a pas grand-chose à ajouter.

Juste que j’ suis content, Dieu, de t’avoir rencontré !

On dirait que déjà, j’entends sonner le glas,

Pourtant je n’ai pas peur, je sais que tu es là.

 

Ça y est, c’est le signal : Mon Dieu, faut que j’y aille.

Je t’aime de tout mon cœur, j’ voulais que tu le saches.

C’est déjà la mêlée et les canons qui crachent…

Qui sait ? Ce soir peut-être, je serai au bercail...

 

Envers toi, dans ma vie, j’ n’ai pas été trop chaud

Mais p’tet bien que, quand même, tu m’attends à ta porte.

Je ne vais pas m’inquiéter, et les larmes qu’importe,

Mais j’aurais tant voulu te connaître plus tôt.

 

Maintenant, Dieu, faut que j’y aille et je te dis bye bye.

Curieux…, depuis que je t’ai rencontré, je n’ai plus peur de mourir.

(traduit de l’anglais)